Haute couture: l'artisane Madeleine VIONNET
Connaissez-vous Madeleine VIONNET?
C’était une de ces femmes visionnaires, elle est l’inventrice de la coupe diagonale ou coupe en biais et des artistiques drapés.
Grande couturière française, elle va influencer le monde de la couture au XXème siècle et son talent est également au coeur des créations que l’on connait encore aujourd’hui.
Née en 1876 et décédée en 1975 à Paris, elle est admirée par les spécialistes de la mode, elle incarne une véritable vision de la haute couture.
Son histoire est extraordinaire, elle fût première d’atelier chez les soeurs Callot, puis travailla dans l'atelier de couture Jacques Doucet, c’est chez lui qu’elle demandera aux mannequins de défiler pieds nus dans des sandales, chose impensable à l’époque.
Elle ouvre sa propre boutique au 222 rue de Rivoli à Paris en 1912 puis au début des années 20 dans un hôtel particulier au 50 de l’Avenue Montaigne, aujourd’hui lieu emblématique du luxe et de la haute couture à Paris.
Au-delà de son art, elle avait à coeur de donner des conditions de travail très favorables à ses employés: crèche pour les enfants, formation continue des couturières, congés payés, maladie et maternité, agence de voyage pour permettre les départs en vacance.
Elle avait même demandé à ses employées de se mettre en grève en 1936 pour que tous aient les mêmes droits!
Une artisane du tissu, sa méthode était très personnelle, nul croquis ni dessin technique, pas de patron de couture, elle travaille directement sur des mannequins de couture articulés et elle demande des tissus spécialement fabriqués pour elle, elle devient alors une véritable architecte de la couture.
On dit d’elle qu’elle était une sculptrice, une architecte et une géomètre, elle devient la « reine » des robes haute couture drapées et des plis.
Sublimer le corps des femmes, elle souligne les courbes et les formes tout en s’assurant d’une amplitude pour permettre le mouvement. Nulle baleine, nulle agrafe, nulle entrave, le vêtement n’est plus une « armure artificielle ». Ce n’est plus à la femme de s’adapter à la mode. Elle disait: « quand une femme rit, sa robe doit rire avec elle »
Libération donc pour le corps des femmes et pour la mode en général, Madeleine VIONNET prône la diversité dans ses créations: « j’affirme la nécessité d’autant de modes qu’il existe de catégories de femmes différentes ».
Libération des matériaux aussi, notamment les tissus qu’elle souhaite voir tomber librement, elle a d’ailleurs été inspirée par l’art de la danseuse Isadora Duncan.
Elle crée un art moderne dans une parfaite maîtrise des formes et des tissus.
Pionnière du concept de la griffe, elle s’engage dans la défense de la propriété artistique, elle crée des albums et des copyright et tous ses modèles sont photographiés de face, de profil et de dos avec une date et un numéro de série. Elle appose ainsi une griffe sur chacune de ses créations.
C’est son logo que vous retrouvez en photo illustrant cet article.
Elle ferme sa maison de haute couture en 1939 et son fonds est alors dispersé à l’hôtel Drouot. Elle donnera ensuite des cours de couture des cours de biais précisément, seul lien direct qu'elle gardera avec la couture. Elle tentera de relancer sa marque en 1980 mais sans succès.
Elle a largement influencé les grand couturiers comme Hubert de GIVENCHY, John GALLIANO, Issey MIYAKE et Jean-Paul GAULTIER…
Au soir de sa vie elle écrira: « L’important c’est d’arriver à vivre et à travailler tel qu’on est, en pleine vérité, en somme à s’imposer, mais il faut qu’il y ait en soi de quoi le faire. Que de gens s’ignorent toute leur vie et courent après eux mêmes…. Il faut toujours se dépasser pour s’atteindre….Toujours lutter au fond, c’est passionnant… C’est la force de résistance qui soutient le mieux, Elle seule dépend de vous.
Elsa Vartanian
Do you know Madeleine VIONNET?
She was one of those visionary women, she is the inventor of the diagonal cut or bias cut and artistic drapes.
A great French seamstress, she would influence the world of couture in the 20th century and her talent is also at the heart of the creations that we still know today.
Born in 1876 and died in 1975 in Paris, she is admired by fashion specialists, she embodies a true vision of haute couture.
Her story is extraordinary, she was first in the workshop with the Callot sisters, then worked in the Jacques Doucet sewing workshop, it was at his place that she asked models to parade barefoot in sandals, chose unthinkable at the time.
She opened her own boutique at 222 rue de Rivoli in Paris in 1912 and then in the early 1920s in a private mansion at 50 Avenue Montaigne, today an emblematic place of luxury and haute couture in Paris.
Beyond her art, she was committed to providing very favorable working conditions to her employees: crèche for children, continuous training for seamstresses, paid leave, sickness and maternity, travel agency to allow departures on vacation.
She even asked her employees to go on strike in 1936 so that everyone had the same rights!
A fabric craftswoman, her method was very personal, no sketches or technical drawings, no sewing pattern, she works directly on articulated sewing mannequins and she asks for fabrics specially made for her, she then becomes a true architect of the sewing.
It is said of her that she was a sculptor, an architect and a surveyor, she became the "queen" of draped haute couture dresses and pleats.
Sublimate the body of women, it emphasizes curves and shapes while ensuring amplitude to allow movement. No stiffeners, no clasps, no hindrances, the garment is no longer an “artificial armour”. It is no longer up to women to adapt to fashion. She said: "when a woman laughs, her dress should laugh with her"
Liberation therefore for women's bodies and for fashion in general, Madeleine VIONNET advocates diversity in her creations: "I affirm the need for as many fashions as there are different categories of women".
Liberation of materials too, in particular the fabrics that she wishes to see fall freely, she was moreover inspired by the art of the dancer Isadora Duncan.
She creates a modern art in a perfect mastery of shapes and fabrics.
Pioneer of the brand concept, she is committed to the defense of artistic property, she creates albums and copyrights and all her models are photographed from the front, profile and back with a date and a serial number. She thus affixes a signature to each of her creations.
It is his logo that you find in the photo illustrating this article.
She closed her haute couture house in 1939 and her fund was then dispersed to the Hôtel Drouot. She will then give sewing lessons bias courses, the only direct link she will keep with sewing. She will try to relaunch her brand in 1980 but without success.
She has largely influenced great couturiers such as Hubert de GIVENCHY, John GALLIANO, Issey MIYAKE and Jean-Paul GAULTIER...
At the end of her life she wrote: "The important thing is to be able to live and work as one is, in full truth, in short to impose oneself, but there must be in oneself what to do. How many people ignore each other all their lives and run after themselves…. You always have to surpass yourself to reach yourself….Always fight deep down, it’s exciting… It is the force of resistance that supports the best, It alone depends on you.
Elsa Vartanian